Paradise Lost est un poids lourd du Doom. Il fait partie des pionniers du genre, au même titre que My Dying Bride ou bien Anathema (sur les premiers albums pour ces derniers). Le groupe compte seize albums à son actif et dire que sa discographie est riche et variée est un euphémisme. Personnellement, j'apprécie toutes les périodes y compris l'album ''Host'' (1999), qu'on peut définir comme le plus calme et le plus controversé. Mes préférences allant, comme beaucoup, aux deux chef d'Å“uvres que sont ''Draconian Times'' (1995) et ''One Second'' (1997), mais le retour aux sources des albums plus récents est carrément plaisant, il faut bien le reconnaître.
Ce qui m'a frappé d'entrée, c'est l'incroyable setlist proposée par le groupe, qui couvre quasiment toutes les périodes. Si l'on veut chipoter, on notera qu'il s'agit du fameux Live Stream enregistré au Mill Nightclub en Anglettre, en automne dernier et donc forcément, comme son nom l'indique, que le public brille par son absence. Mais comme j'ai coutume de voir le verre à moitié plein, je peux vous assurer que je me suis délecté de ce petit bijoux.
Venons en au cÅ“ur de la meule, cette fameuse setlist. Tout d'abord, vous pensez bien que j'ai regardé en premier les morceaux de ''Draconian Times'' et de ''One Second'' qui ont été sélectionnés par le combo. Il s'agit de 'Shadowkings' et 'One Second'. Excellent choix, tant le premier est une pépite et qu'il avait fait défaut sur les deux précédents live. On retrouve avec plaisir ces riffs légendaires, d'autant que l'interprétation des anglais est sans faille. Le second, faisant tout simplement partie des incontournables et la performance vocale de Nick Holmes, sur celui-ci est d'ailleurs bluffante, tant les années ne semblent pas avoir de prise sur lui. Ce constat est valable pour l'ensemble du disque.
L'album ''Icon'' est bien représenté également et ce dès l'ouverture, avec le puissant 'Widow', qui met d'emblée tout le monde d'accord. Le choix du titre étant une nouvelle fois pertinent, car il s'agit d'un classique 'oublié' (le groupe en compte tellement que même un double album live ne suffirait pas) sur les deux précédents live également. On retrouve aussi avec un plaisir certain, 'Embers fire' qui est incontournable selon moi.
En parlant de titres indispensables, est-il concevable de ne pas jouer 'Gothic' et 'As i die' qui sont carrément devenus des hymnes au fil du temps. Si l'on veut faire la fine bouche, on remarquera que 'True Belief' manque à l'appel. Vous vous serez sans doute aperçus, que nombreux autres classiques sont absents pour ainsi laisser la place aux morceaux plus récents. Je pense à 'Forever Failure', 'The Last time', 'Say just Words' notamment. Quand je vous disais qu'un double album live était clairement envisageable et cela sans perdre en qualité.
Parmi les albums récents, ''Obsidian'' (2020) étant le dernier en date, il est forcément le plus représenté avec le somptueux 'Fall from Grace', 'Ghosts' et enfin 'Darker Thoughts' qui conclut magnifiquement ce live. Pour ''Medusa'' (2017), on se délecte de la voix caverneuse de Monsieur Holmes, avec l'excellent 'Blood and Chaos'. C'est une bénédiction (si je puis dire) de retrouver ce growl, que ce soit chez Paradise Lost, ou de manière beaucoup plus appuyé, chez le super groupe de Death Métal, Bloodbath, dans lequel officie le chanteur depuis deux albums. On retrouve ce growl avec plaisir notamment sur 'No Hope in Sight', extrait de 'The Plague Within' (2015), tout comme 'Beneath Broken Heart'.
On remonte encore dans le temps, pour arriver à l'album ''Faith Divide Us - Death Unites Us'' (2009) et quoi de mieux que le morceau éponyme, qui est sublime, pour lui rendre hommage. Ce refrain ! Un des tous meilleurs du groupe assurément, n'ayons pas peur des mots. Personnellement, je ressens des frissons à chaque écoute. Enfin, ''In Requiem'' (2007) a deux extraits, lui, avec le tube 'The Enemy' et le magnifique 'Requiem'. Sans oublier, 'So Much is Lost', issue du fameux 'Host', que je considère également comme un tube, n'en déplaise à certains.
Au final, on ressort de l'écoute de ce Live Stream de près d'une heure et quart conquis. C'est tellement bien interprété, par l'ensemble du groupe, avec un petit clin d'Å“il au passage, pour Gregor Mackintosh et ses riffs enivrants que l'on en deviendrait gourmand. Quelques extraits des albums manquants à l'appel, ce soir là (''Believe in Nothing'' 2001, ''Symbol of Life'' 2002, ''Paradise Lost'' 2005 et ''Tragic idol'' 2012) auraient été accueillis avec bonheur mais il faut savoir apprécier ce que l'on a. On est clairement ici sur un achat indispensable, pour tout fan de Paradise Lost qui se respecte et l'offrande est un excellent moyen de patienter, avant le prochain album.