Parmi les temps forts de cette année 2021, il ne fait aucun doute que le retour de Full of Hell est à marquer d'une pierre blanche.
Dans le monde du Grind, c'est un groupe qui me fascine, notamment depuis le fatidique album de 2017 Trumpeting Ecstasy. En tête, ce sont les terribles ambiances que ce groupe construit qui me laissent sans voix. Rien que le titre éponyme de l'album suscité, par exemple : quel foutu chef d'oeuvre ! Une espèce de mélange glaçant entre musique de film d'horreur et délire malsain enroulé dans une camisole.
En voyant arriver le nouvel opus du groupe dans les actualités, aucun doute, je devais me plonger dedans.
La barbarie la plus totale est au rendez-vous, d'autant plus que le groupe ressort ses plus éblouissants attraits, flirtant avec la Harsh Noise Wall autant qu'avec le Death Metal sous 230 volts. C'est autant fait pour fracasser des mâchoires dans le pit (avec des "Burning Apparition", "Eroding Cell" ou "Industrial Messiah Complex", pour n'en citer que quelques-uns) que pour se laisser dépérir dans la transe la plus absurde et psychédélique (avec un "Derelict Satellite" ultra tranchant et "Non-Atomism" ; morceau qui se donne de la peine pour qu'on ne comprenne rien à ce qu'on écoute). Les souvenirs de collaborations avec Merzbow ne sont pas bien loins.
On retrouve aussi ça et là quelques relents moribonds d'un Hardcore ultra criard avec des morceaux comme "All Bells Ringing" et "Celestial Hierarch", étrangement mélodiques ; ou "Reeking Tunnels", très Punk à l'ancienne malgré les cris sans équivoque. Les amateurs de Death Metal plus old school ne manqueront pas d'apprécier "Urchin Thrones" ou "Asphyxiant Blessing".
C'est un album qui passe très vite, mais qui ne peut pas laisser indifférent. C'est de la violence pure, profonde, mordante. Paradoxalement, Full of Hell n'est pas un groupe que l'on pourrait qualifier de bête et méchant comme d'autres groupes que je chéris (Mortician par exemple). C'est d'une renversante brutalité, et en même temps d'une grande intelligence. C'est un album qui fait peur, qui fait mal, et qui est pensé pour.
Ce Garden of Burning Apparitions est une expérience cruelle, tourmenteuse comme un costume de cénobite, une vraie réussite à écouter d'urgence pour qui n'a pas peur de se frotter aux bas-fonds de l'atrocité.