Rien ne va plus. Aujourd'hui vous éteignez la télé. Encore un connard qui parle, encore une mauvaise nouvelle. Et puis plus rien. Enfoncé dans le canapé vous végétez, les yeux tournés vers la fenêtre. Cette vitre là est transparente, mais la vision qu'elle vous envoie ne vous rassure pas.
Dehors le ciel est moche. Votre ville est moche. Votre appart' est moche. Bordel, même votre chambre est dégueulasse. En y pensant, vous vous sentez vidé, et vous vous affalez davantage, avalé par des coussins qui ont perdu toute fermeté. Une pensée vous empoisonne, vous paralyse.
Cette pensée, c'est le son de Mineral, c'est le son de Morose ; des bourdonnements, des borborygmes et des éructations acharnées. C'est la mélopée sans note d'une souffrance. C'est le son de la vie terne, des éternités sans confort, des lendemains sans joie. C'est l'existence désincarnée dans le clapier abominable d'une banlieue sinistrée. C'est le souffle du monde qui grouille, la systole diastole du métro dans le cÅ“ur de la terre, le murmure troglodyte.
Morose c'est vous. Vous êtes Morose, en attendant l'effondrement.