" Chronique du second album de THE BUTCHER'S RODEO sorti le 27/10/2021 chez At(h)ome. "
Il y a des retours qui font plaisir, et celui des THE BUTCHER'S RODEO fait partie de ceux-là . Et ce d'autant plus qu'il marque le retour de Vincent Peignart-Mancini derrière un micro après le split du groupe Aqme, son combat contre le cancer (qui aurait plus l'empêcher de continuer de chanter) et la crise sanitaire qui a interrompu pas mal de choses. On comprend mieux le nom de l'album, même si la thématique de la maladie n'est pas abordée (les paroles ayant été écrites avant l'opération).
Heureusement tout cela semble bien derrière avec ce second album, HAINE, qui arrive dans les bacs, et les concerts qui reprennent (après une date sur Reims le 28/11, le groupe sera à Wasquehal le 10/12 et sur Nantes le 11/12…n'hésitez pas à aller les voir pour finir l'année sur une bonne note).
Deux changements, et non des moindres, ce nouvel opus nous présente un nouveau line-up et propose un chant français à la différence de Backstabbers sorti en 2016. Vincent ayant convaincu ses camarades de poursuivre dans la « voix » (facile, je sais ^^) qu'il avait tracé avec Aqme. Un Vincent que l'on sent encore plus à l'aise dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare pour exprimer des maux avec des mots. Un choix qui s'avère judicieux car l'auditrice/auditeur peut ainsi s'imprégner plus facilement des paroles de Vincent qui nous livre un regard (très) critique sur la société qui nous entoure et les comportements humains. Des textes introspectifs qui parleront finalement à pas mal de monde.
L'artwork, le portrait du visage de Vincent dont la tête est retenue prisonnière dans un sac plastique ; et qui se débat en hurlant pour l'arracher, respirer et se faire entendre. Ce qui correspond parfaitement aux thèmes l'opus (et aux épreuves traversées par le frontman et le groupe). C'est d'ailleurs le fil rouge de l'album : la lecture de la tracklist est assez explicite sur la couleur sombre et l'atmosphère à vif de l'album. Mais en écoutant les paroles on a envie de se faire violence face à un monde de plus en plus brutal (je vous renvoie, encore une fois, à la pochette de l'album). Un certain fatalisme donc (comme sur le titre « MORTE »), même si heureusement tout n'est pas perdu.
Au menu du jour nos bouchers nous proposent 12 morceaux de choix à déguster pendant un peu plus de 43 minutes. Le tout avec une prod° d'Etienne Sarthou (Aqme, Freitot, Karras…) bien brut de décoffrage tout en restant assez organique (mention spéciale à la basse de Julien) qui colle bien à l'état d'esprit des musiciens.
Après une intro « SANS SOURIRE » sur laquelle le chanteur interpelle l'auditeur « serions-nous prêts… », « CREVE ! » déboule avec un chant colérique et des paroles qui ne le sont pas moins. Et si on ressent forcément un sentiment d'impuissance, ce n'est pas une raison pour ne pas (ré)agir (si je devais résumer succinctement : aide-toi, le ciel t'aidera). Et malgré tout ce déferlement de rage, la mélodie reste toujours présente en filigrane (la patte du combo).Ce constat vaut également pour « Là‚CHE ! » qui reste mélodique, tant au niveau du chant que des instruments. Le fait que ce dernier ait été choisi comme premier single est d'ailleurs totalement logique car il nous donne un témoignage fidèle de ce qu'est le groupe aujourd'hui.
« JE VOUS HAIS TOUS » reste dans ce mood énervé en nous parlant de ce sentiment que l'on peut toutes/tous ressentir à certains moments de nos vies. Une sorte de cri primaire et libérateur face à une société de plus en plus oppressante. Un défouloir que le public attendra forcément lors des futurs concerts.
J'ai été particulièrement emballé par les guitares sur « MENSONGES » qui font clairement ressortir cet extrait par rapport au reste de l'opus en ne sonnant pas uniquement « core ». Les passages mélodiques me rappellent les 2 dernières sorties d'Aqme (que je considère comme les meilleures du groupe). Je retiens également l'éponyme « HAINE » avec son refrain fédérateur qui risque lui aussi de faire un malheur en fosse (le refrain de « BRà›LE » est également redoutable).
« LE DESORDE », sur lequel Fred Blauwblomme de Noise Emission Control vient taper un guest, est un autre exemple montrant que THE BUTCHER'S RODEO est un groupe taillé et pensé pour le live. On peut effectivement s'attendre à un joyeux « bordhell » lorsque ce brûlot sera joué sur les planches de France et de Navarre.
Les fans de hardcore seront ravis de pogoter au son d'« ABàŽME » dont le riffing tabasse sévère (j'imagine déjà les circle pits se multiplier). Le solo assez thrash m'a surpris au premier abord, mais il s'intègre finalement assez bien.
Comme dit un peu plus haut, la mélodie n'est pourtant jamais très loin chez THE BUTCHER'S RODEO comme on peut l'entendre sur l'interlude « SEUL » et aussi sur « PATER AUTEM » qui conclut l'album. Encore un titre très personnel pour le chanteur à travers lequel il s'adresse et conseille son jeune fils sur ce que la vie pourra lui réserver (une composition qui n'aurait pas non plus dépareillé dans la plus récente discographie Aqme).
Habité par une HAINE, une rage et une volonté d'en découdre comme jamais après avoir traversé de nombreuses épreuves, le quintet de THE BUTCHER'S RODEO se révèle au top de sa forme avec un second album maitrisé de bout en bout qui surpasse leurs précédentes sorties (à savoir 1 album et 2 EP). Et en live ils sont encore meilleurs, pensez à surveiller les salles proches de chez vous.