" Chronique du second album de THE LOSTS, sorti le 07 mai 2021. "
5 ans que les aficionados du combo des Hauts-de-France attendaient un successeur à « … OF SHADES & DEADLANDS », 1er album de THE LOSTS qui nous présentaient leur metal « caméléon » (on y découvrait des compositions aux couleurs heavy, doom, black, death….). Depuis, le groupe a connu un changement de line-up : CGV (basse) a quitté le groupe et a été remplacé par PPG. Pour rappel le nom du groupe fait référence à un concept : on suit, à travers leurs oeuvres, le peuple des Egarés (« the Losts ») qui, au gré de leurs périples et rencontres avec la civilisation, vont développer les mêmes maux (portée au combien symbolique dans le contexte sociétal actuel). D'ailleurs, ne pourrait-on pas considérer que la diversité dans leurs compositions s'expliquerait par les différentes expériences vécues par ce peuple ? La question mérite d'être posée (j'ajouterai que la variété du chant d'YGC revêt une importance capitale dans ce melting-pot des atmosphères). A noter que ces 2 opus sont à retrouver chez ELLIE PROMOTION, et que la pochette de « MYSTERY OF DEPTHS » a été réalisée par Chadwick St John, illustrateur ayant notamment officié pour DARKTHRONE.
Le disque commence sur les chapeaux de roue avec « TATTOO THE CHILD », un hymne heavy (80's)-power (90's) accrocheur à souhait (une sorte de croisement entre Judas Priest - chant- et Iced Earth - riffing -). Je pourrai aussi évoquer l'influence d'Iron Maiden tant au niveau du mix de la basse (un plaisir de l'entendre aussi bien) que durant le solo de gratte. Ce constat vaut également pour « THE PRIESTS CONTROL » qui lui fait directement suite où le power se fait plus thrashisant et catchy ; et où des growls ainsi que des touches plus dark commencent à pointer le bout de leur nez. Sacrée entrée en piste.
« UNTIL THE END » débute sur une tonalité plus doom (cette basse bien ronde est un régal), pour basculer très rapidement vers du black puis du heavy. Comme dit en début de chronique, les nordistes aiment jouer avec les ambiances, ce qui empêche tout lassitude/monotonie lors des écoutes (car vous y reviendrez forcément tant la qualité est au rendez-vous).
Après un interlude instrumental oriental « A PATH TO ARABIA » (une invitation au voyage), le combo nous plonge dans une pièce heavy assez sombre avec « IN THE STEAM OF OPIUM » (un titre qui plaira très probablement aux adeptes de la Vierge de Fer).
Si « WRITE MY NAME IN THE LIGHT » ne m'a pas spécialement emballé (il y a tellement mieux sur cette galette), j'ai apprécié le nouvel interlude « REVELATION OF THE LOSTS » qui, je pense, trouvera un écho auprès des fans de Powerwolf (en raison des choeurs fédérateurs taillés pour être repris par une foule chauffée à blanc) et surtout « INNER WOUNDS » qui mêle une nouvelle fois, avec réussite, heavy et thrash. Ces riffs de gratte vont casser des nuques en live, je vous le dis. Un des tous meilleurs extraits du skeud !
La power-ballad « THE DRUG I MISS », dont vous trouverez le clip en fin d'article, se situe à la croisée du heavy à la Maiden et du power à la Iced Earth. Les cavalcades à la guitare, ainsi que le solo, sont irrésistiblement entraînantes. Encore une fois je ne peux que saluer le talent d'écriture du quatuor.
Le temps d'écoute passe vite, ce qui est plutôt bon signe, car je m'aperçois qu'il ne reste plus que 3 titres. On commence par le titre éponyme « MYSTERY OF DEPTHS » sur lequel des teintes plus extrêmes (black) reviennent secouer nos tympans. Des sonorités orientales refont une apparition remarquée sur « PHARAO'S CURSE » (même si elles étaient présentes en filigrane sur le morceau précédent). « THE SAND WAR (MAY 1940) » qui vient clôturer l'album, aurait totalement eu sa place sur le dernier opus de FIREFORCE : un brulot heavy thrashisant dédié aux soldats tombés sur les champs de bataille et qui prend aux tripes (et en particulier à Dunkerque comme on peut l'entendre sur le sample final).
Si les influences sont toujours perceptibles, cela serait une grossière erreur de limiter THE LOSTS à un simple hommage aux pionniers du genre. En effet, le groupe a une patte, une identité sonore qui lui est propre et que les membres nomment, à très juste titre, comme du « dark heavy metal ». Derrière cette appellation on perçoit bien leur volonté de sortir du cadre du heavy stricto-sensu pour épouser au mieux ce concept des égarés qui les pousse à proposer davantage de contrastes et à communiquer/susciter un plus large panel d'émotions (la production de Phil Reinhalter - Putrid Offal - rend grâce à toutes ces nuances). Encore une très belle sortie française dans ce premier semestre 2021 ; cela ne va pas être une sinécure d'établir un top 10 hexagonal en fin d'année.