France
Hardcore
Les bûcherons parisiens reviennent après le rouleau compresseur Extinction (2021) et ne semblent pas s’être calmé, on retrouve ici un EP 5 titres nommé Immortal Pain. La recette est toujours la même : un Hardcore parfois Metal résolument 90s, qui semble se vouloir de la même école que Kickback.
Immortal Pain est un enchaînement de brulôts qui ne laissera personne indemne, la galette commence par Ruination : une succession de moshparts de 2min40 qui donne le ton et ne laisse pas de place au doute: il n’y aura pas de salut.
Difficile d’épiloguer sur le contenu d’un EP de HxC de cette école qui consiste la plupart du temps à enchaîner les moshparts et dont la recette est si simple (et si efficace).
On peut toutefois souligner Machine Way dont l’intro fait hocher la tête avant d’enchaîner les plans hyper efficaces et l’inévitable buildup de break avec un call out a cappella du frontman suivi (comme toujours dans ce style) de rythmiques bovines sur lesquelles les karate kid frapperont frénétiquement l’air ou les spectateurs en bord de fosse.
Le titre éponyme ramène un peu de riffing et de vitesse avant les inévitables moshpart et tout ce qu’on peut dire c’est qu’à défaut d’inventer des trucs, bah c’est vachement bien fait et c’est tout ce qu’on lui demande. Le break final aurait pu figurer sur un album de Dying Fetus (ce qui rend compte de sa lourdeur et de son efficacité).
City of Blight amène une petite tripotée de guests à la voix mais le rendu me semble un peu en dessous du reste, notamment par rapport à la production du chant qui prend (vraiment) le dessus sur le reste du mix.
Dans l’ensemble, la production semble impeccable pour le style : une certaine crasse dans le son, beaucoup de profondeur dans les guitares, une batterie très organique, une voix braillée dans les graves… Le groupe a fait le choix de ne pas rester sur le même standard que sur l’album Extinction (qui sonnait très bien, avec beaucoup plus de clarté et de reverb, principalement sur la batterie). Ça marche bien sur beaucoup de plans et notamment les breaks ou la caisse claire résonne, moins bien pour le chant qui sonne plus forcé et ressort un peu trop.
Cet EP de Worst Doubt est tout ce qu’on peut attendre d’un EP de Worst Doubt, ni plus ni moins. On reste en dessous de ce que proposait le groupe avec Extinction, mais si vous recherchez juste de quoi vous motiver à molester votre prochain, vous aurez ce qu’il vous faut.
C’est en tout cas suffisamment bien fait pour qu’on écoute ça en grimaçant de plaisir, vous savez, la même tête que vous faites quand un breakdown revient encore plus lentement pour un deuxième round, ou que vous vous laissez surprendre par un truc délicieusement vicieux et dégueulasse (au hasard, le break de Clarity Through Deprivation chez Suffocation).
Pour résumer, Immortal Pain c’est un peu comme votre kebab de proximité : c’est imparfait, résolument gras et calorique, ça n’invente rien, mais on y revient toujours pour y trouver ce plaisir régressif et peu onéreux, avec cette agréable sensation de déjà vu et de safe place quand le maître kebabier vous interpelle d’un “comme d’hab chef ?”. A noter que les concerts de Worst Doubt ne sont certainement pas ce qu’on appellera une safe place, et les nouveaux morceaux n’y changeront rien.
Le bandcamp de BDHW Records :